• Il serait temps d’en parler, un mois après Noël ! L’album est en bonus depuis des semaines sur le Batalbum.

    Pour ceux à qui il aurait échappé, je signale donc ce très beau conte librement inspiré du récit de Charles Dickens A Christmas Carol.

    Le vieil Ebenezer Scrooge de Dickens est ici un jeune orphelin solitaire et ombrageux dans son beau manoir : Boustru, qui déteste Noël et que Stéphane Poulin a représenté sous les traits d’un cochon, boudeur à la première page, épanoui et souriant à la dernière.

    Entre-temps, une souris lui a rendu visite aux premiers coups de minuit, l’entraînant dans la plus étrange aventure hors du temps : réduit à la taille d’un souriceau, il l’a suivie pour découvrir, par un trou pas plus grand qu’eux, la magie de Noël. Les Noëls passés d’abord, où il se voit successivement joyeux avec ses parents et si triste après leur mort. Pour le Noël présent, Boustru voit la bande des « enfants abandonnés » respirant la joie de vivre dans leur misérable cabane. Les Noëls futurs seront moins heureux : il se voit seul dans sa chambre, grand jeune homme occupé à compter et recompter ses vieux jouets tandis que Loupiotte grelotte de fièvre au milieu de ses compagnons, dans la pauvre cabane.

    Choc salutaire ! Boustru ne veut pas que l’avenir soit ainsi. Alors que les derniers coups de minuit sonnent, l’enfant maussade court au dehors chercher les « enfants abandonnés » qu’il veut inviter à festoyer. Cette nuit de Noël, si mal commencée, sera heureuse grâce à ses nouveaux amis.


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    Stéphane Poulin avait déjà donné un magnifique Bestiaire peint à l’huile en 2003 (Les 400 coups éditions). Le beau texte de Lucie Papineau l’a inspiré dans la même veine : tous les personnages sont des animaux joliment caractérisés.

    Le grain de ses toiles est visible. A la boutique du début, vue en contre-plongée, enfouie sous une neige verte, fait écho plus loin un merveilleux paysage hivernal inspiré de Brueghel (Les chasseurs dans la neige).

    Du très bel art pour une histoire qui ne peut laisser insensible.


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    Un chant de Noël

    Texte : Lucie Papineau

    (d’après le récit de Charles Dickens)

    Illustrations : Stéphane Poulin

    © Les éditions Héritage inc. 2004

    Dominique et compagnie (Québec)

     

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    Le récit de Dickens a souvent inspiré le 7ème art.

    Dernière adaptation : Le drôle de Noël de Scrooge, réalisé par Robert Zemeckis et sorti fin 2009.

    Pour en savoir plus sur toutes ces adaptations :

    lire l’article de Nicolas Schiavi.

     

     

     

     

     

     

     


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  • Alessandro Sanna, né près de Vérone en 1975, a une « carrière » déjà impressionnante (bibliographie sur son site + choix d’images : Images > Picture books).

     

    Je l’ai découvert en 2007 sur le stand de Lirabelle à Montreuil, sous les atours de Mila, somptueuse chatte bleue conversant avec une fine petite souris crayonnée en quelques traits dont pas un n’est de trop, dont pas un ne manque (à voir sur le site de l’éditeur - texte : Elena Molisani).

     

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    © Lirabelle


    Ou peut-être était-ce plus tôt, dans Quel cafouillage (Kaléidoscope, 2005) où Gianni Rodari imagine un drôle de grand-père racontant le Petit Chaperon rouge à sa petite-fille mais cafouillant complètement à chaque étape du conte.

    Sanna rejoua en couleurs avec la fantaisie de Rodari dans Et si on inventait les nombres ? (Kaléidoscope 2007), jonglerie poétique entre un adulte et un enfant.

     

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    © Kaléidoscope

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    © Kaléidoscope

     

    Les éditions Grandir avait ouvert le feu dès 2002. L’orchestre du chat noir est l’histoire sans paroles d’un chat enlevé par des oiseaux pareils à des caractères chinois sur le ciel blanc ou à des blanches et noires sur les fils d’une portée.

    La Nouvelle histoire de chat voit aussi un noir félin partir dans les airs… en rêve. Emporté avec le parapluie de la maison par une bourrasque, on le retrouve à la fin assoupi sous la table de la salle à manger. Ah, qui connaît les folles pensées d’un chat endormi ?

     

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    © Grandir


    Les éditions MeMo ont publié l’an dernier La terre respire, dont le beau texte poétique (signé Guia Risari) semble entraîner le pinceau de l’artiste (s’exprimant cette fois en amples aquarelles) à la suite de deux frères : entendant un jour un battement de cœur, ils partent sur ses traces et découvrent, émerveillés, la beauté du monde.

     

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    © MeMo

     

    Enfin, le dernier album d’Alessandro Sanna rend hommage à sa petite fille, dont la naissance a coïncidé avec la publication du livre, comme le rêvait son talentueux papa : Petite lumière est une pure merveille où tout est dit en quelques coups de pinceaux lancés avec tant de grâce et d’humour, de finesse et d’élégance...

    Alessandro Sanna résume à lui seul tout le charme et la maestria que l’Italie nous offre inlassablement.

     

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    © Grandir

     

    Si vous voulez découvrir les planches originales de quelques-uns de ses livres, en feuilleter de nombreux autres (*), il faut vous dépêcher :

    la bibliothèque des enfants de Faidherbe les expose encore jusqu’au… 24 janvier !

    Un rendez-vous enchanteur, à ne pas manquer pour bien démarrer l’année…

     

    (*) Dont un superbe livre inspiré par Mondrian [Hai mai visto Mondrian ?, Artebambini 2005] qui a reçu le prix Andersen en 2006.

    Et un Don Quichotte absolument fascinant, dont est tirée l’illustration annonçant l’expo [Don Chisciotte e la risoluta volontà del sogno, Tre lune edizioni 2005].

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    © Tre lune edizioni

     


    Sites des éditeurs :

    Grandir

    L'Ecole des loisirs - Kaléidoscope

    Lirabelle

    MeMo


    Deux vitrines de l'expo (photos Julie Auzillon) :

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    © Grandir - Alessandro Sanna



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  • Voeux2010_blog-copie-1.jpg

    Un peu d’indolence (propice au délicieux farniente)

    Un zeste de fantaisie (sel de la vie)

    Un brin d’insolence (pour lézarder les …tically correct)

    Une pointe d’espièglerie (enfance de l’art ou art d’enfance ?)

     

    Et sans mesure : amour & amitié, bonheur & douceur.

    Avec la grâce et l’humour (*) pour leur donner du rose aux joues.


    Meilleurs voeux à tous.

    Bonne Année 2010 sous le signe de l'apesanteur !

     

     

    (*) Une pincée de "mes" humoristes a été subrepticement glissée il y a quelques semaines au milieu des milliards de pages volantes qui sillonnent le ciel du web.

    Cliquer ici pour les découvrir.


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  • Tous les ingrédients du conte traditionnel sont au rendez-vous : un père veuf, sa fille maltraitée par une méchante belle-mère, un animal nourricier et salvateur, un voyage initiatique, de la magie, du danger… Coline Promeyrat a puisé son inspiration dans les Contes et légendes de Brocéliande de Jean Markale. Nous découvrons sous sa plume la petite Yzole courant avec vivacité d’une tâche à l’autre. Elle n’a qu’un ami : le taureau de l’étable où elle dort, un taureau bleu extraordinaire. Dans son oreille, l'enfant en larmes trouve chaque soir une bonne tartine beurrée. Quand le père, sur le conseil de sa femme au cœur empoisonné, ordonne à Yzole d’emmener le taureau chez le boucher, il n’y a qu’une chose à faire : partir, vite ! Sur leur long chemin de liberté, l’enfant et l’animal passent à travers trois forêts. Forêts magiques, forêts dangereuses, aux feuilles de cuivre, d’argent, d’or qu’il ne faut surtout pas toucher…

     

    Martine Bourre, une des illustratrices les moins répétitives et les plus libres, donnent à ce conte merveilleux et terrible une touche moderne qui l’éclaire, le vivifie : petite fille aux boucles légères s’échappant du bonnet, au visage égayé par les taches de rousseur, au fichu multicolore, animal somptueux aux longs yeux expressifs, au doux sourire. Le rythme est enlevé. Les gros plans révèlent la tendresse et la complicité entre l’animal et l’enfant. Dès la première page, leur long chemin se dessinait. On le retrouve au fil de l’histoire, ample et souple comme la puissante encolure du taureau. Des cailloux et rochers mouchetés de signes, jalonnent de mêmes rondeurs les courbes de la terre sous le ciel immense.

    C'est beau. Poignant.

    Coup-de-cœur de Roch sur le Batalbum.


     

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    Le taureau bleu

    Une histoire contée par Coline Promeyrat

    Illustrée par Martine Bourre

    © Didier Jeunesse, 2009

     


     

     

     


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  • Tout a commencé en 2007 par un jeune escargot, imaginatif et insatisfait de son sort.
    Pourquoi est-il né escargot plutôt que... Les rêves de raymond défilent sur chaque page, de la fraise au champignon, de la pieuvre au dragon, l'escargot ne conservant au gré de ses métamorphoses que le ravissant dessin de sa coquille. La girafe a droit à une double page, et encore elle en déborde (heureusement pour nous, elle ne grignotait pas une feuille de baobab à ce moment-là).

    Au bout de ses rêves les plus fous, raymond accepte enfin sa condition modeste et rencontre une charmante… juliette.

    La jeune artiste suisse Anne Crausaz signait là son premier album, un petit chef d’œuvre de poésie et d’humour au graphisme épuré. Présenté sur le Batalbum, il avait fait l'objet d'un concours de dessin.

     

     




    raymond rêve

    Anne Crausaz

    © 2007, éditions MeMo

     


    Vinrent ensuite les aventures d’une simple graine de pommier, de son premier nid de hasard dans la terre jusqu’à sa pleine croissance. Une vie simple et magnifique, à l’image de ce deuxième album tout en finesse, en émotions successives, allégées par un graphisme aérien, sans fioriture.

    Petit clin d’oeil, raymond passe par là, grignote une feuille et puis s’en va. L’humanité se manifeste sous la forme d’une paire de bottes enfantines en gros plan, de deux camions (transportant des arbres coupés), d’une petite fille mangeant avec plaisir une pomme au milieu des herbes hautes. C’est la fin de l’histoire et le début d’un nouveau cycle de saisons pour de nouvelles graines (semées avec soin par la petite fille dont on ne voit que la main). Une merveille !

     






    j'ai grandi ici

    Anne Crausaz

    © 2008, éditions MeMo

    Pour son troisième album, Anne Crausaz s’intéresse à un champignon - non pas le bon gros cèpe ou la coquette girolle mais l’un des plus mal vus : l’amanite tue-mouche. Notre héros a des rêves secrets lui aussi, il aimerait parfois passer inaperçu, être plus grand ou comestible, moins seul et mieux aimé. N’allez pas croire que ce beau livre est un recueil de ses plaintes, au contraire : sur fond de sublimes bouleaux, il nous apprend à mieux connaître l’amanite au drôle de chapeau à pois, et à découvrir son rôle dans l’étonnante nature. On retrouve avec bonheur dans maintenant que tu sais les belles lignes sinueuses de la terre, raymond et sa famille nombreuse, l’atmosphère désormais familière de ces histoires naturelles signées Anne Crausaz, empreintes de poésie, de finesse et d’humour sur la pointe des pieds.

    Le savant Abel Craponne le présente en ce moment à bord du Batalbum.

    A ne pas manquer !







    maintenant que tu sais

    Anne Crausaz

    © 2009, éditions MeMo



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