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(suite)
Pour Joëlle Jolivet, c'était écrit d'avance aux Imprimeries Réunies, mais il fallait encore inventer des histoires entre les gravures, les outils, les casiers...
André François, qui m'est cher, était de la fête, sous le chapiteau dressé dans l'Hôtel du Département. Venant de Margny-lès-Compiègne (où elle est conseillère artistique du Centre André-François), Janine Kotwica nous en avait parlé à sa façon savoureuse et jubilatoire. Il se tenait à l'entrée du labyrinthe, escortant les fantaisies pleines de vivacité de Lionel Koechlin, les somptueux paysages de Lorenzo Mattoti, les oeuvres si fortes de François Roca.
Emmanuelle Houdart au CNCS, Christian Lacroix à la Librairie Jean-Luc Devaux complétaient le tableau avec leurs étranges créatures porteuses de secrets.
Emmanuelle Houdart
Christian Lacroix
De cette fête chaleureuse de l'illustration, je crois que nous garderons tous un souvenir particulièrement touchant : lorsque Květa Pacovská, avec laquelle s'entretenait Lucie Cauwe, a, dans un brusque élan, entrepris de déplier sur la scène Un livre pour toi. Nous étions subjugués par la grande silhouette, penchée avec souplesse pour déployer tout son leporello. Arrivé au bout, elle nous expliqua que l'envers aussi était plein d'images et tout aussitôt, avec la même énergie passionnée, elle fit le chemin inverse et déploya l'autre face, au milieu des rires et des applaudissements émerveillés !Jean-Paul Gourevitch avait présenté en conclusion son alléchant Abcdaire illustré de la littérature jeunesse, fruit de tant d'années de travail passionné, édité par L'atelier du poisson soluble.
Vite, vite, ensuite, comme le chat de l'image, marcher lentement d'une expo à l'autre, s'emplir les poumons d'images, goûter, admirer, se laisser enchanter et mener par le bout-du-nez à travers les champs et les jardins de l'enfance : toute une ville ramassée, l'espace de quelques jours, comme un oiseau magique pour que l'enfant soit content. L'enfant ? Tous les enfants, les vraiment petits, les déjà très grands, et tous les autres, indécis parfois, ne sachant pas s'il faut ou non garder en soi ce jardin ou ce champ, intact, et même l'entretenir, discrètement, parce que cela fait un petit jardin ou un petit champ de plus sur une terre qui a l'air de bien aimer cela.
Merci, Nicole Maymat, merci Dominique Beaufils, merci Brigitte Morel et Marie-Thérèse Devèze, Michel Boucher et Philippe Davaine, merci à tous vos amis, tous vos complices, tous ceux qui ont permis cette 2ème biennale et nous ont accueillis si généreusement, et bien sûr merci aux artistes !
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Les malcoiffés en ont fait de belles à nouveau, du 26 septembre au 6 octobre 2013, en la ville de Moulins.
Le menu était aussi exceptionnel que la première fois, et la couleur du ciel presque autant : ateliers, rencontres avec des illustrateurs, expositions parsemées comme autant de cailloux-pépites dans la ville, lectures, spectacles, projections de films...
Je suis venue le vendredi (journée "pro") par le train quittant la gare parisienne de Bercy à l'heure où les garçons de café sortaient les tables sur les trottoirs encore plongés dans la nuit. Comme en 2011, j'ai dû malheureusement rentrer le soir même, manquant le concert donné par Les Bratsch au Théâtre de Moulins. Mais comblée quant au reste...
Le thème du festival était le cirque, les illustrateurs invités aussi remarquables et divers qu'à la première biennale.
Chez les malcoiffés, on a le sens de la fête comme en famille, comme entre amis : chaleur et simplicité. Cela donne un ton, une atmosphère auxquels les artistes sont forcément sensibles. Alors chacun, venant avec tout son talent en bandoulière, peut être lui-même, avec naturel et sincérité. Vous l'avez compris, l'intérêt et la profondeur des propos échangés - sous la houlette de Lucie Cauwe et Anne-Laure Cognet - n'ont jamais entamé la bonne humeur qui courait de l'un à l'autre. Je laisse à l'irrésistible Albertine le soin de l'illustrer - voici à quoi ils ressemblaient tous :
Les oiseaux - Germain Zullo & Albertine
éditions La Joie de lire
Prix Sorcières 2011
Best Illustrated children's book Award 2012, New YorkNe pouvant tout vous raconter, j'aimerais saluer spécialement deux malcoiffés qui ont posé leurs propres pinceaux pour prendre à bras-le-corps la scénographie vraiment remarquable des huit expositions :
Michel Boucher, assisté de Philippe Davaine
(la 9ème expo étant celle de Roberto Innocenti au magique MIJ - à ne pas manquer, j'en parlerai prochainement) :
Albertine, à la Galerie des Bourbons, sur carton ondulé simple et nu. Une pure merveille (l'odeur, assez déplaisante, disparaissait en quelques minutes sous l'enchantement).
Les images multiples de la petite écuyère d' Elzbieta tapissant les murs du Goût des Autres dans une ambiance entre café hors-du-temps et cantine-salon où l'on sent le désir de juste s'asseoir pour... songer ? causer ?
Les animaux et les personnages déchirés de Sara, si attachants dans leur gravité, jouaient dans l'ombre de la cathédrale avec les lumières des vitraux.
Il fallait bien le salon d'honneur de l'Hôtel de Ville pour Kvĕta Pacovská, où de sobres panneaux sous les lambris mettaient en valeur ses jeux de formes et de couleurs.
(suite dans article 2, pour cause de contraintes techniques)
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Vous connaissez tous Claude Ponti et ses créations colorées aux textes savoureux : Pétronille et ses 120 petits, Okilélé, Tromboline et Foulbazar, l'île des Zertes et le château d'Anne Hiversère, mais peut-être son MUZ vous a-t-il échappé ?
Tout avait commencé par L'album d'Adèle en 1985, pour sa fille Adèle. C'est pour les enfants, toujours - pour l'enfant demeuré intact en lui ? - qu'il a porté le projet de MUZ : "un musée des œuvres d’enfants sur Internet. Il a pour ambition de répertorier, conserver, valoriser et rendre accessibles leurs œuvres à tous".
La galerie L'Art à la page a lancé pour la 3ème fois, le 21 octobre, une exposition et vente aux enchères d'oeuvres d'artistes au profit du Muz. Si vous voulez aider le Muz et acquérir l'un des mille et un trésors cachés dans les replis de la galerie, c'est maintenant ou jamais : la vente se terminera le 8 novembre rue Servandoni.
Parmi les artistes : May Angeli, lauréate du Grand Prix 2013 de l'Illustration, décerné par le MIJ (Musée de l'Illustration Jeunesse de Moulins) le 1er octobre, pendant la biennale des malcoiffés (j'y étais, c'était aussi formidable qu'il y a deux ans, mais c'est une autre histoire, je ne peux pas tout vous dire aujourd'hui...).
Donc, pour commencer, la vente aux enchères. Vous pouvez soit renchérir en ligne (cliquer sur le lien : toutes les oeuvres figurent en bas de la page, en vignettes à agrandir), soit passer à la galerie, 12, rue Servandoni (Paris 6ème) du 5 au 8 novembre.
Le 5 novembre, Claude Ponti, l'équipe du Muz et Marie-Thérèse Devèze vous invitent à une soirée-conférence de presse-buffet : Le Muz, état des lieux et perspectives pour demain. Accueil à 18h. Conférence de presse à 19h. Échanges avec les partenaires du Muz autour d'un buffet, à 19h30.
Le 8 novembre, à 20h, ce sera la clôture des enchères, en présence de Claude Ponti et de nombreux artistes amis du Muz.
Une semaine bien remplie pour le Muz et l'Art à la page, entre deux semaines "à pont" !
Profitez-en. Qualité garantie.
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Ne manquez pas de pousser la porte cochère du
12 rue Servandoni avant la mi-juillet,
pour découvrir l’univers poétique de cette jeune artiste d'origine coréenne, qui avait été sélectionnée à Ilustrarte 2010 et à Bologne 2010.
Eunhwa Lee
"Fragrances"
illustrations, peintures
Du 24 mai au 13 juillet 2013
Galerie L'Art à la Page
12 rue Servandoni ( sur cour )
75006 Paris
tél : 01 43 57 84 95
mercredi, jeudi, samedi de 14h30 à 19hvendredi de 11h à 19h
Les éditions Chandeigne l'avaient révélée en mai 2010 avec un livre au charme envoûtant :
Le mariage parfumé
& autres comptines portugaises
Une visite sur le blog de l'artiste vous mettra l'eau à la bouche.
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Vous l'aviez deviné ? C'est mon "troisième" et bien davantage qu'un troisième pour Gaëlle Duhazé. Ses images joyeusement colorées fourmillent de détails qui enchanteront les enfants.
L'histoire joue sur tous les niveaux de l'espace et du temps, du rêve et du réel, du proche et du lointain : au fil des saisons, une petite-fille retrouve son grand-père et renoue avec leur jeu rituel d'après déjeuner.
"Quand j'étais petit", commence Jun-soo.
"Quand je serai grande", enchaîne Eun-sil.Sous l'arbre qui change de mois en mois, au fil de leurs rêves d'enfants qu'ils se racontent, hier et demain se croisent et se font écho. Un demi-siècle au moins sépare Eun-sil de Jun-soo, elle sait déjà qu'il ne sera pas toujours là, d'ailleurs il parle d'après, mais les années fondent et se conjuguent au présent dans la tendresse et la complicité.
Avec ces images "de saison", je vous souhaite uneBelle et heureuse année 2013
une année conjuguant tous les temps, de vos lointains rêves d'enfants à la réalité présente, secrètement prête à les ranimer, à les transformer.
Texte : Sophie Guiberteau
Images : Gaëlle Duhazé
Editeur : Flammarion, collection Chan-ok
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