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    Le titre d’un livre a un rôle de fanion auquel on se rallie (ou pas) sans rien savoir encore de son contenu. Dans une couv’ d’album, le jeu est déjà moins opaque : une image surligne le titre et lui offre une caisse de résonance. Si l’intérieur est décevant, nous refermons le livre en ayant l’impression d’avoir été floués par une publicité mensongère. Souvent, heureusement, la belle fenêtre n’est pas un trompe-l’œil mais une véritable ouverture sur une histoire qui nous émeut, répond à nos attentes, ou les dépasse en nous surprenant. Et puis, parfois, la surprise est totale : c’est un vrai « nouveau monde » auquel nous abordons, nous l’explorons avec délice, nous refermons le livre un peu plus grands que nous n’étions en l’ouvrant…

    « Le panier à pique-nique » de Gabriele Rebagliati et Susumu Fujimoto est un album de cette espèce-là. Je suis tombée sous le charme au premier coup d’œil. Si longtemps après, je reste éblouie. C’est d’abord une histoire d’accord parfait entre un texte et des images. Une « petite fille des prés » (on ne saura jamais d’où elle vient) observe en cachette un homme grâce auquel « son » pré se transforme de jour en jour. Le cultivateur travaille dur et ne s’arrête que pour déjeuner. Voici le panier à pique-nique : l’homme y puise des aliments qui paraissent délicieux à l’enfant. La petite n'y va pas par quatre chemins : un jour, elle chipe le panier et croque à pleines dents tout ce qu’il contient ! J’ai l’air d’en dire beaucoup mais c’est à partir de là que tout commence. Une histoire où l’on s’apprivoise, où les mots transforment l’improbable en possible, où tout sonne si juste, avec délicatesse et poésie.

    Je n’en dirai pas plus !

    Le panier à pique-nique
    Texte de Gabriele Rebagliati
    Images de Susumu Fujimoto
    Adaptation française de Christian Demilly
    Grasset-Jeunesse

    http://www.batalbum.fr
    http://www.batalbum.fr/fujimotoA.html
    https://www.grasset.fr/le-panier-pique-nique-9782246858287

     

    Le paniter à pique-nique

    Le paniter à pique-nique

    Le paniter à pique-nique


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  • Un enfant regarde au loin. Environné de bulles colorées comme autant de mondes en miniature qui l'appellent dans ses rêves. Deux personnages bleus émergent de la brume ou s'y enfoncent, ténus, légers, et nous avons envie d'aller dans leur sillage vers ce que la brume révèlera en se dissipant.

    Joanna Concejo dans la Lou-Galerie

    Joanna Concejo dans la Lou-Galerie

    Joanna Concejo se tient entre Jan, l'homme "qui travaillait beaucoup et trop vite", dont l'âme est restée à la traîne (*), et cette âme elle-même, enfant fidèle, qui saura le retrouver s’il veut bien l'attendre assez longtemps. Joanna tend l'oreille, ouvre les yeux, attend comme Jan assis à sa table, comme quelqu'un qui a tout son temps, puis dessine.

    Joanna Concejo dans la Lou-Galerie

    Ses images sont pleines de sentiers, d’échappées, de forêts profondes, de portes entrouvertes sur des allées secrètes. On y devine des traces de pas, on entend de lointains appels, des voix soudain proches dans la brume. Chacune est un beau mystère à déchiffrer.

    Joanna Concejo dans la Lou-Galerie

    Joanna Concejo dans la Lou-Galerie


    (*) Une âme égarée d’Olga Tokarczuk et Joanna Concejo aux Éditions Format.

    http://www.batalbum.fr/galerie_joanna_concejoA.html

    http://joannaconcejo.blogspot.com/…/une-ame-egaree-chez-for…


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  • Une nouvelle exposition à ne pas manquer dans une bibliothèque pour enfants de Paris où il fait toujours tellement bon lire, passer du temps, rêver les yeux ouverts :

     

    Originaux (fusain et gouache)
    du livre d'Akiko Miyakoshi
    Quand il fait nuit
    accompagnés d'une sélection
    de lithographies de l’artiste.

    Akiko Miyakoshi à la Bibliothèque Faidherbe

    Agenda du Batalbum : http://www.batalbum.fr/agenda.htm

    Site de l'artiste : http://miyakoshiakiko.com/

    MIYAKOSHI AKIKO


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    Le 21 octobre, Béatrice Michielsen a donné à la Médiathèque Françoise Sagan une conférence captivante sur les livres d’enfants russes autour d’un catalogue paru en 1931 : « 100 livres pour ton enfant ». Ce bel ouvrage, orné du sourire radieux d’une petite fille, « recense et conseille à la femme soviétique les références à faire lire à ses enfants pour en faire de parfaits petits citoyens acquis au parti ».

    « Tout le monde sait qu’en Russie les enfants sont les seuls ‘‘Profiteurs de la Révolution’’, les seuls. Tout leur appartient, le pays, les villes, les trains, les avions, l’avenir… », avait dit Blaise Cendrars en présentant en 1929 son exposition « Le livre d’enfant en URSS » à la Librairie Bonaparte. Béatrice Michielsen, le rappelant, nuance la déclaration enthousiaste en évoquant le sort des enfants russes, les nombreux orphelins, les victimes de la guerre et de la famine.

    Ils bénéficièrent cependant d’une offre exceptionnelle de livres qui continuent d’influencer les créateurs d’aujourd’hui. Une conjonction unique en son genre préside à ce miracle que je dirais « russo-soviétique » : des artistes incomparables, formés avant la Révolution d’Octobre, vont être sollicités par le nouvel État en vue de fabriquer de dociles jeunes citoyens portant l’avenir sur leurs épaules. L’effervescence artistique d’avant 1917 reprend de plus belle. Les artistes s’enflamment pour ce nouveau secteur éditorial des enfants. Un champ inespéré s’ouvre. Le temps que la censure réalise qu’ils leur échappent, ils vont y poursuivre pendant une dizaine d'années leurs expériences novatrices. Dès le début des années 30, au moment où naît le Père Castor, l'État accroît sa pression, l'ère stalinienne est en route.

    En attendant, il y a des millions d’enfants à alphabétiser et il y aura près d’une centaine de maisons d’édition jusqu’à la fin des années 20. Les livres sont de «véritables commandes sociales ». L’enfant apparaît comme « le medium idéal à former (formater) aux idéaux communistes ». Le papier est de qualité médiocre, il y a pénurie d’encre, mais les tirages sont exceptionnels pour ces quelques pages agrafées contenant de véritables trésors : pas moins de 20 000 à 30 000 exemplaires, parfois jusqu’à 100 000, très vite épuisés, réimprimés les années suivantes avec d’autres illustrateurs.

    C’est cette période infiniment féconde que reflètent les « 100 livres pour ton enfant». Le catalogue « sonne le glas de la grande liberté artistique mais en porte encore la trace », a résumé Béatrice Michielsen en illustrant son propos d’un grand choix d’images. Certains ouvrages, issus des collections de l’Heure Joyeuse, étaient exposés par ailleurs dans les vitrines de la Médiathèque.

    Grand bonheur supplémentaire : Béatrice Michielsen nous a lu des passages d’albums, en nous faisant goûter, avec toute la saveur de la langue russe portée par sa voix, à la poésie, la fantaisie, les trouvailles sonores s’accordant aux images. Soudain se révélait un univers inattendu, intimement mêlé à celles-ci mais nous échappant si nous ne pouvons qu'admirer la typographie sans comprendre les mots.

    L’Auditorium de la Médiathèque Françoise Sagan était plein. Au premier rang, Geneviève Patte, Jacqueline Duhême, Françoise Lévêque, entre autres… J’ai été contente de revoir à cette occasion deux des personnes qui m’ont fait découvrir et aimer l’image russe pour enfants : Maïté Alazard (exposition Elisabeth Ivanovski à la bibliothèque Faidherbe fin 2007), Françoise Lévêque (qui, ayant découvert ces trésors, a constitué le fonds russe de l’Heure Joyeuse et signé, avec Serge Plantureux, le « Dictionnaire des illustrateurs de livres d’enfants russes 1917-1945 ») ; puis bien sûr, l’hôtesse des lieux, Viviane Ezratty, et Hélène Valloteau qui veille désormais sur le fonds patrimonial de l’Heure Joyeuse.

    http://memoiredimages.net/
    http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1998-02-0076-007
    http://www.batalbum.fr/faidherbe_ivanovsky.html
    http://www.batalbum.fr/rami_ivanovsky.html

    Béatrice Michielsen : Conférence autour d'un catalogue de livres russes pour enfants (1931)

    Béatrice Michielsen : Conférence autour d'un catalogue de livres russes pour enfants (1931)

    Béatrice Michielsen : Conférence autour d'un catalogue de livres russes pour enfants (1931)

    Béatrice Michielsen : Conférence autour d'un catalogue de livres russes pour enfants (1931)

    Béatrice Michielsen : Conférence autour d'un catalogue de livres russes pour enfants (1931)

    Béatrice Michielsen : Conférence autour d'un catalogue de livres russes pour enfants (1931)

    Béatrice Michielsen : Conférence autour d'un catalogue de livres russes pour enfants (1931)

    Béatrice Michielsen : Conférence autour d'un catalogue de livres russes pour enfants (1931)


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  • (d'après chronique du 23 juillet 2016 sur la page Facebook du Batalbum)

    C comme COULEUR avec pour invitée d'honneur une formidable coloriste : Isabelle SIMLER. Découvrez deux de ses premiers albums et le tout dernier, à lire avant de s'endormir dans la douceur des nuits d'été. Ils sont évidemment plus beaux en vrai, avec leurs couleurs éclatantes et toute la délicatesse du crayonné. Les histoires sont aussi délicieuses : une petite fille se retrouve un matin dans la peau de son chat ; un enfant rêveur remplit ses poches de jolis galets jusqu’au jour où il tombe sur un caillou magique… Purs joyaux des Éditions Courtes et Longues.

    Dans la Lou-Galerie : http://www.batalbum.fr/galerie.htm
    Isabelle Simler : http://isabellesimler.com/
    Éditions Courtes et Longues : http://www.cleditions.com/

    Isabelle Simler, des couleurs plein la tête

    Isabelle Simler, des couleurs plein la tête

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