•  

     LA JOIE DE LIRE de Francine Bouchet fait partie de mes éditeurs fétiches. Si vous habitez Genève, il est encore temps d'aller jubiler à la Bibliothèque de la Cité (jusqu'au 13 octobre). La Joie de lire, née en 1987, fête ses 25 ans (dossier de presse ici).

     

     

    expo_joilire.jpg

     

     

    A Montreuil (2011), le coup de foudre a été instantané pour les deux albums de l'écrivain hongroise Éva Janikovszky illustrés par son compatriote Lászlo Réber, que La Joie de lire venait de rééditer.

     

    MOI, SI J'ÉTAIS GRAND (initialement publié à Budapest en 1965 et chez Flammarion l'année suivante) annonce d'entrée de jeu la couleur :

     

    Tous les enfants savent,

    même les plus petits,

    qu'être un garnement

    est bien plus marrant

    qu'être obéissant.


     

    reber_moisi_blog.jpg

     

    INCROYABLE MAIS VRAI (à Budapest en 1966, chez Flammarion en 1977) commence ainsi :

     

    Quand j'étais petit, j'avais du mal à croire

    que l'une de mes mamies était la maman de papa

    et que mon autre mamie était celle de maman.

    Quand j'étais petit, j'avais du mal à croire

    qu'un de mes papis était le papa de papa

    et que mon autre papi était celui de maman.

     

    Là-dessus, le narrateur, qui a un peu grandi et y voit plus clair, entreprend d'expliquer la généalogie familiale à sa petite soeur Mimi...


     

    reber_incroya_blogr.jpg

     

     

    Les textes ont toute la drôlerie et la vivacité du regard enfantin sur l'univers adulte dont leur propre monde a si franchement tendance à déborder. Les images, qui empruntent à l'enfant ses crayons de couleur et son trait épuré au graphiste qu'était László Réber, sont une merveille de fraîcheur et d'humour. "Politiquement incorrects et légèrement subversifs", nous avertit l'éditrice. Quand deux grands artistes jouent en parfait accord, avec impertinence et gaieté...

     

    Les deux albums avaient donc été réédités par La Joie de lire en septembre dernier. Jolie surprise, un an plus tard : RÉPONDS CORRECTEMENT ! et LA CHANCE QUE J'AI ! le sont à leur tour.


     

    reber_reponds_blog.jpg

     

    reber_chance_blog.jpg

     

     

    Dès Montreuil, je m'étais promis de les embarquer sur le Batalbum. J'ai tardé, vous l'avez compris, et quatre saisons ont passé, mais j'aurais d'autant plus de joie à convier (très bientôt) les quatre à bord ! Et vous à les découvrir, je l'espère, en vous promenant sur le pont...

     

    Avril 2013 :ils sont dans l'à-coeur-blogue de Roch et Selma !

     

    P.-S. : Pour prolonger la danse hongroise - au rayon de la littérature adulte cette fois -, je citerai deux livres (deux pépites d'or pur) et trois noms qui me sont particulièrement chers : Niki, l'histoire d'un chien de Tibor Déry, tout Sándor Márai mais avant tout Les braises, et (presque) tout Magda Szabó.



    votre commentaire
  •  

    "Le temps a laissé son manteau
    De vent, de froidure et de pluie,
    Et s'est vêtu de broderies,
    De soleil luisant, clair et beau."


    Le souriant Rondeau de printemps de Charles d'Orléans m'a toujours enchantée, comme Le Vent de Emile Verhaeren, sombre et terrible, appris dans le primaire (nous ne comprenions sans doute pas grand chose mais sa musique devait nous empoigner l'âme) :


    "Sur la bruyère longue infiniment,
    Voici le vent cornant Novembre"
    ...

    L'automne est venu, l'hiver a laissé place au printemps, et ce sont ainsi quatre pleines saisons, toute une année qui a passé sans un signe de ma part. Une année dense et manquant d'interstices, si vous voyez ce que je veux dire.


    Les événements dont j'aurais aimé vous parler n'ont pas manqué pourtant : première Biennale des malcoiffés, Salon de Montreuil, expositions, livres attendus, coups de coeur inattendus... Je serai (assez) brève sur chacun pour que tous aient du moins leur place dans cet article de rentrée (en deux ou trois volets).

     

    malcoiffes_2011001_blog.jpg

     

    A tout seigneur tout honneur, commençons par les MALCOIFFÉS (nom emprunté à une tour de fière allure appartenant à l'ancien palais ducal de Moulins). J'avais déjà pris le chemin de Moulins au printemps 2010, pour aller voir L'art russe de l'image pour enfants (1900-1945)1 au Centre de l'illustration qui s'appelle désormais le MIJ (Musée de l'Illustration Jeunesse)2.


    En plus d'être une ville magnifique, Moulins abrite deux complices : l'écrivain-éditeur Nicole Maymat et l'imprimeur-éditeur Dominique Beaufils. On leur doit le superbe catalogue des éditions ipomée (créées en 1977), repris en 1991 par Albin Michel. Ils ont initié et participé à la création du Centre de l'illustration qui a ouvert ses portes en 2005. Infatigables et passionnés, ils ont réalisé un autre rêve : voici un an bientôt, le 29 septembre 2011, l'association des malcoiffés (née en 2010) lançait l'événement autour duquel elle gravite, son Festival des illustrateurs. Trois jours de fête pour l'image, ses artistes, les professionnels et le grand public. Le beau temps était au diapason de cette première biennale sous le signe de la bonne humeur et du talent, dans une ambiance chaleureuse largement due à Nicole, Dominique et Cie.

    NM1.jpg

     

    DF2.jpg

    Huit illustrateurs étaient invités : Loren Capelli, Frédéric Clément, Kitty Crowther, Natali Fortier, Henri Galeron, Benoît Jacques, Georges Lemoine et Les chats pelés. On appréciera le formidable éventail, la diversité des styles et des personnalités. Un parcours illustratif au Musée Anne de Beaujeu donnait à voir d'autres illustrateurs et complétait les divers lieux de la ville investis par les oeuvres des invités (leur accrochage avait "subi" tout l'art d'une autre fée discrète et généreuse : Marie-Thérèse Devèze de L'Art à la Page). Déambuler au hasard d'un lieu à l'autre, chacun avec son caractère propre, a fait partie des grands plaisirs et des belles réussites du festival.

    Faute d'avoir trouvé le temps de vous raconter en direct ces journées inoubliables, je vous invite à lire l'excellent compte-rendu de Dominique Laganne sur Cher media. Et à suivre de près les faits et gestes des malcoiffés, en attendant la deuxième édition du Festival, en 2013.

    _________________

    1 Cette exposition (voir le dossier de presse) réunissait entre autres les oeuvres de Lebedev, Samuel Marchak, Bilibine, Alexandre Benois, Nathan Altman, Rojan (Fédor Rojankovsky), Chem (Alexandre Chemetoff), Hélène Guertik, Alexandra Exter, Nathalie Parain et... Elisabeth Ivanovsky qui aura fait un séjour longue durée dans la Galerie du Batalbum (les habitués me pardonneront, les visiteurs occasionnels auront été d'autant plus nombreux je l'espère à découvrir cette merveilleuse artiste - attention, elle s'effacera bientôt devant ALICE, la prochaine "grande expo" de Lou).

    2 Le Grand Prix de l'illustration y a été remis cet après-midi à Jean-François Martin pour les Fables d'Esope (éditions Milan). Cela me fait d'autant plus plaisir que "ses" Poèmes de Maurice Carême (Bayard jeunesse) étaient dans le numéro de lancement du Batalbum !

     

    * 

    J'ai entendu à Moulins un homme de talent que j'admirais depuis longtemps mais sans savoir qu'il était en plus un homme de qualité : Henri Galeron, qui ne parle pas beaucoup, qui ne parle pas fort, mais dont la présence ressemble à ses images - même charme un peu mystérieux, même humour sous-jacent.


    Alors, toutes affaires cessantes, dès qu'il y a eu un peu d'interstice, je l'ai fait inviter par Nicéphore dans le Moulin à paroles du Batalbum, avec son ami et complice, le poète-éditeur de Møtus, François David. Ils y sont encore, ne les manquez pas ! Trois livres de poésie et de folie douce, signés par Paul Vincensini, Michel Besnier et François David.

     

    vincen_couv_rami.jpg 

    vincent_blog1.jpg

     

    vincent_blog2.jpg

     

    besnier_couv_rami.jpg

     

    besnier_blog1.jpg

     

    besnier_blog2.jpg

     

    couv_david_rami.jpg

     

    david_blog1.jpg

     

    david_blog2.jpg


    A ne pas manquer non plus, en "bonus" sur le Batalbum, ces deux albums hors normes illustrés par Henri Galeron : Monsieur tout en hauteur, Le Chacheur tout en largeur, chez (Les Grandes Personnes) de Brigitte Morel (hmm, sévit chez les malcoiffés).

     

    *


    Je terminerai pour aujourd'hui sur le cher André Hellé aux yeux d'enfant rêveur. Un peu "brûlées" par la réédition de L'Arche de Noé un an avant chez Circonflexe, les éditions MeMo ont publié en 2011 la magnifique version du maître-imprimeur Tolmer : les Drôles de bêtes de 1911. L'album, sorti à l’identique, dans son format géant, a été réalisé en collaboration avec l’Association des Amis d’André Hellé.

     

    couv_helle_memo.jpg

     

    helle_memo_vache-copie-1.jpg

     

    Je l'avais annoncé ici (en jouant au jeu des comparaisons entre les deux versions), en même temps qu'une exposition attendue, retardée, enfin proche :

    Drôles de jouets ! 
    André Hellé ou l'art de l'enfance

    au Musée du Jouet à Poissy
    du 18 octobre 2012 au 9 juin 2013


    Pour vous allécher, rien de tel qu'un tour dans le copieux dossier de presse de l'expo, ou chez MeMo (voir les pages du Tigre et de la Girafe), et chez les Amis d'André Hellé bien sûr.


    Ainsi, la (première) boucle est bouclée, d'un automne à l'autre... mais elle reste ouverte, d'autant que s'annonce la publication par MeMo d'un deuxième album du grand artiste et créateur de jouets : L’Histoire d’une boîte à joujoux, inspirée du ballet pour enfants La boîte à joujoux, mis en musique par Debussy en 1913 sur un livret illustré d’André Hellé.


    Bonne rentrée à tous !

     

     

     


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires