• Ouvrir un livre de Kveta Pacovska (née à Prague en 1928) revient à plonger dans un torrent de couleurs.

    Un torrent défiant les lois de la nature ou les recomposant plutôt, avec l’œil et la main de cette artiste hors du commun : les formes géométriques,

    les chiffres et les lettres, les pliages, les reliefs, les découpes, tout dans ses livres est éclaboussé par la couleur.

     

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    Connue des enfants comme « la dame qui fait des livres en rouge », elle manie aussi bien tout le spectre, et joue comme nulle autre des contrastes entre noir et blanc, sans oublier quelques traits de vif-argent.


    Je ne résiste pas au plaisir de citer cette phrase que vous trouverez dans un remarquable entretien sur le site de Télémaque (CRDP Créteil) : « J'aime toutes les couleurs, mais certaines sont plus difficiles à travailler que d'autres. Je me souviens d'un texte de travail que j'ai écrit il y a quelques années, et qui disait à peu près ceci : le blanc est la meilleure couleur pour moi, car elle est pure ; le jaune est la meilleure couleur pour moi, de par sa chaleur ; le rouge est la meilleure couleur pour moi, chaleureuse et brillante ; le vert, qui est la meilleure couleur pour moi, reflète le vivant ; le bleu est la meilleure couleur pour moi, parce qu'elle est liée à notre esprit ; le noir est la meilleure couleur pour moi, car c'est la reine des couleurs qui contient toutes les couleurs, les recouvre toutes… Chaque couleur pour moi est la meilleure. »

     

    Formes et couleurs jouent une partition éblouissante dans ses livres.

    Seuil jeunesse a édité les premiers : Couleur couleurs, livre-jeu - Alphabet, livre-objet - Le théâtre de minuit - Un livre pour toi… En 2005, un stupéfiant classique paraît chez NordSud : La Petite fille aux allumettes. Ont suivi chez minedition : Le petit Chaperon rouge (2007), Hänsel et Gretel (2008), enfin Cendrillon.


    Deux « monuments » (dans la catégorie torrents bien sûr) vous donneront l’illusion de tenir entre les mains les oeuvres originales de cette grande dame au visage si lumineux et juvénile : Kveta Pacovska à l’infini (Editions du Panama, 2007) et le Catalogue d’art Pacovska maximum contrast de Eva Linhart (minedition, 2008).

     

    Cendrillon est à bord du Batalbum. Venez vite,

    n’attendez pas les douze coups de minuit !

     

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    Cendrillon

    Charles Perrault

    Kveta Pacovska

    © 2009, minedition

     

    Vous pouvez feuilleter l’intégralité des ouvrages édités par minedition sur le site de l’éditeur.



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  • Il serait temps d’en parler, un mois après Noël ! L’album est en bonus depuis des semaines sur le Batalbum.

    Pour ceux à qui il aurait échappé, je signale donc ce très beau conte librement inspiré du récit de Charles Dickens A Christmas Carol.

    Le vieil Ebenezer Scrooge de Dickens est ici un jeune orphelin solitaire et ombrageux dans son beau manoir : Boustru, qui déteste Noël et que Stéphane Poulin a représenté sous les traits d’un cochon, boudeur à la première page, épanoui et souriant à la dernière.

    Entre-temps, une souris lui a rendu visite aux premiers coups de minuit, l’entraînant dans la plus étrange aventure hors du temps : réduit à la taille d’un souriceau, il l’a suivie pour découvrir, par un trou pas plus grand qu’eux, la magie de Noël. Les Noëls passés d’abord, où il se voit successivement joyeux avec ses parents et si triste après leur mort. Pour le Noël présent, Boustru voit la bande des « enfants abandonnés » respirant la joie de vivre dans leur misérable cabane. Les Noëls futurs seront moins heureux : il se voit seul dans sa chambre, grand jeune homme occupé à compter et recompter ses vieux jouets tandis que Loupiotte grelotte de fièvre au milieu de ses compagnons, dans la pauvre cabane.

    Choc salutaire ! Boustru ne veut pas que l’avenir soit ainsi. Alors que les derniers coups de minuit sonnent, l’enfant maussade court au dehors chercher les « enfants abandonnés » qu’il veut inviter à festoyer. Cette nuit de Noël, si mal commencée, sera heureuse grâce à ses nouveaux amis.


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    Stéphane Poulin avait déjà donné un magnifique Bestiaire peint à l’huile en 2003 (Les 400 coups éditions). Le beau texte de Lucie Papineau l’a inspiré dans la même veine : tous les personnages sont des animaux joliment caractérisés.

    Le grain de ses toiles est visible. A la boutique du début, vue en contre-plongée, enfouie sous une neige verte, fait écho plus loin un merveilleux paysage hivernal inspiré de Brueghel (Les chasseurs dans la neige).

    Du très bel art pour une histoire qui ne peut laisser insensible.


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    Un chant de Noël

    Texte : Lucie Papineau

    (d’après le récit de Charles Dickens)

    Illustrations : Stéphane Poulin

    © Les éditions Héritage inc. 2004

    Dominique et compagnie (Québec)

     

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    Le récit de Dickens a souvent inspiré le 7ème art.

    Dernière adaptation : Le drôle de Noël de Scrooge, réalisé par Robert Zemeckis et sorti fin 2009.

    Pour en savoir plus sur toutes ces adaptations :

    lire l’article de Nicolas Schiavi.

     

     

     

     

     

     

     


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  • Alessandro Sanna, né près de Vérone en 1975, a une « carrière » déjà impressionnante (bibliographie sur son site + choix d’images : Images > Picture books).

     

    Je l’ai découvert en 2007 sur le stand de Lirabelle à Montreuil, sous les atours de Mila, somptueuse chatte bleue conversant avec une fine petite souris crayonnée en quelques traits dont pas un n’est de trop, dont pas un ne manque (à voir sur le site de l’éditeur - texte : Elena Molisani).

     

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    © Lirabelle


    Ou peut-être était-ce plus tôt, dans Quel cafouillage (Kaléidoscope, 2005) où Gianni Rodari imagine un drôle de grand-père racontant le Petit Chaperon rouge à sa petite-fille mais cafouillant complètement à chaque étape du conte.

    Sanna rejoua en couleurs avec la fantaisie de Rodari dans Et si on inventait les nombres ? (Kaléidoscope 2007), jonglerie poétique entre un adulte et un enfant.

     

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    © Kaléidoscope

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    © Kaléidoscope

     

    Les éditions Grandir avait ouvert le feu dès 2002. L’orchestre du chat noir est l’histoire sans paroles d’un chat enlevé par des oiseaux pareils à des caractères chinois sur le ciel blanc ou à des blanches et noires sur les fils d’une portée.

    La Nouvelle histoire de chat voit aussi un noir félin partir dans les airs… en rêve. Emporté avec le parapluie de la maison par une bourrasque, on le retrouve à la fin assoupi sous la table de la salle à manger. Ah, qui connaît les folles pensées d’un chat endormi ?

     

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    © Grandir


    Les éditions MeMo ont publié l’an dernier La terre respire, dont le beau texte poétique (signé Guia Risari) semble entraîner le pinceau de l’artiste (s’exprimant cette fois en amples aquarelles) à la suite de deux frères : entendant un jour un battement de cœur, ils partent sur ses traces et découvrent, émerveillés, la beauté du monde.

     

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    © MeMo

     

    Enfin, le dernier album d’Alessandro Sanna rend hommage à sa petite fille, dont la naissance a coïncidé avec la publication du livre, comme le rêvait son talentueux papa : Petite lumière est une pure merveille où tout est dit en quelques coups de pinceaux lancés avec tant de grâce et d’humour, de finesse et d’élégance...

    Alessandro Sanna résume à lui seul tout le charme et la maestria que l’Italie nous offre inlassablement.

     

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    © Grandir

     

    Si vous voulez découvrir les planches originales de quelques-uns de ses livres, en feuilleter de nombreux autres (*), il faut vous dépêcher :

    la bibliothèque des enfants de Faidherbe les expose encore jusqu’au… 24 janvier !

    Un rendez-vous enchanteur, à ne pas manquer pour bien démarrer l’année…

     

    (*) Dont un superbe livre inspiré par Mondrian [Hai mai visto Mondrian ?, Artebambini 2005] qui a reçu le prix Andersen en 2006.

    Et un Don Quichotte absolument fascinant, dont est tirée l’illustration annonçant l’expo [Don Chisciotte e la risoluta volontà del sogno, Tre lune edizioni 2005].

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    © Tre lune edizioni

     


    Sites des éditeurs :

    Grandir

    L'Ecole des loisirs - Kaléidoscope

    Lirabelle

    MeMo


    Deux vitrines de l'expo (photos Julie Auzillon) :

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    © Grandir - Alessandro Sanna



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  • Voeux2010_blog-copie-1.jpg

    Un peu d’indolence (propice au délicieux farniente)

    Un zeste de fantaisie (sel de la vie)

    Un brin d’insolence (pour lézarder les …tically correct)

    Une pointe d’espièglerie (enfance de l’art ou art d’enfance ?)

     

    Et sans mesure : amour & amitié, bonheur & douceur.

    Avec la grâce et l’humour (*) pour leur donner du rose aux joues.


    Meilleurs voeux à tous.

    Bonne Année 2010 sous le signe de l'apesanteur !

     

     

    (*) Une pincée de "mes" humoristes a été subrepticement glissée il y a quelques semaines au milieu des milliards de pages volantes qui sillonnent le ciel du web.

    Cliquer ici pour les découvrir.


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